La Tour rouge

Le bâtiment qui abrite actuellement l’hôtel restaurant de la Tour Rouge, au numéro 10 de la route de Porrentruy, a été construit en 1724. Le prince-évêque Jean Conrad de Reinach bâtissait ici le Cabaret du Prince, une paire d’années seulement après avoir bâti le Château.

Un Cabaret du Prince qui porte préjudice à la Ville

En 1726 les Ajoulots menés par Pierre Péquignat entraient en conflit avec le prince, jugé trop autoritaire. En 1731 les Delémontains se plaignaient de ce que ce même prince avait fait construire et établi son Cabaret « pour son intérêt particulier à l’extrême préjudice de la Ville ». Jean Conrad de Reinach avait fait déplacer à la route de Porrentruy les foires qui se tenaient depuis toujours au Cras des Moulins. Il était ainsi évident que les forains, marchands de bétail et paysans, viendraient se désaltérer au Cabaret tout proche. Le bistrot princier débitait les jours de foire une prodigieuse quantité de vin, alors que les aubergistes résidant en ville attendaient les clients, craignant de ne pouvoir nourrir leur famille. La ville y perdait l’angal, la taxe sur le vin, qu’elle percevait dans les auberges, alors que l’établissement du prince ne payait pas l’impôt. De plus le bétail qui devait passer dans la cité pour être rendu à la foire endommageait le pavé et embarrassait les rues.

En Vieille Ville

Les archives racontent : « Le Conseil permet, le 19 décembre 1656, à Hans Hausmann de dépendre le Cheval Blanc et de vendre vin en la Tour Rouge. »

L’auberge de la Tour Rouge ouvre donc ses portes en 1656. Mais où ? La tour ronde qui apparaît à qui arrive au haut de la route de Porrentruy, ancienne tour de défense attenante au Musée jurassien, est peinte en rouge dans sa partie supérieure. Elle l’était peut-être déjà au xvııe siècle, et c’est elle vraisemblablement qui a donné son nom à l’auberge. L’auberge occupait l’actuel musée ou alors un bâtiment tout proche.

La déesse de la Tour Rouge

En 1792 les troupes françaises envahissent le Jura et imposent au pays leur Révolution. La Tour Rouge est le bistrot des occupants et de leurs partisans. L’agitateur en chef Joseph-Antoine Rengguer vient y loger. Victor Fleury est le patron de l’auberge, et il faut parler de sa fille. Les Français dressent devant l’hôtel de ville l’Arbre de la Liberté ; ils coiffent sa cime d’un bonnet rouge ; c’est la fille Fleury qui l’a tricoté ; elle est la marraine de l’arbre. Les Français font tout pour remplacer le culte catholique par le culte de la Raison ; à l’église on adore la déesse Raison ; un jour on élève près du couvent des capucins, actuellement École de culture, un autel garni de gazon et de fleurs ; on y fait monter la fille Fleury de la Tour Rouge et une fille nommée Gressot, et les deux déesses reçoivent les hommages des patriotes.

1822 - 2022

Les archives racontent qu’en 1822 permission est donnée à Pierre Perrot « de transporter l’enseigne de la Tour Rouge à sa maison hors de la ville, sur la route de Porrentruy. »

1822-2022. La Tour Rouge peut fêter ses 200 ans.

Jean-Louis Rais
décembre 2022

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