Depuis presque 150 ans, et dans une atmosphère chaleureuse, la mythique Croix de la Vieille Ville désaltère et restaure une centaine de convives en brasserie, à la salle à manger et en terrasse. Divers tenanciers se sont succédé depuis 1878 à 1923 (familles Hennet, Chèvre-Kohler, Parrat, Fonel, Imhoff, Stevele, Montavon et Gobat) et ils ont su conserver l’esprit authentique de l’établissement. Le dernier en date est Olivier Schaffter, qui repend la Croix en 2005, tenue alors par Francis Kurth.

Un beau bistrot delémontain

M. Schaffter réalise quelques aménagements intérieurs en brasserie. Néanmoins, il conserve la galerie de décors sur les boiseries murales (œuvres d’Armand Schwarz, peintre delémontain et professeur de dessin, représentant principalement le chef-lieu jurassien) et complète la pièce en installant une table haute de bar, afin de favoriser le contact visuel et la conversation de sa clientèle lors des repas. En ce qui concerne la salle restaurant à l’étage, il implante une ambiance différente, plutôt familiale, calme, relaxante et accueillante. Il commande ainsi à la menuiserie Docourt + Renaud SA une table en chêne jurassien longue de 8 mètres et adopte un ton bleu sur les murs, en substitution de la couleur ocre. Un beau bistrot delémontain qui vaut le détour et que M. Schaffter affectionne depuis 18 ans.

Le déclic australien

Bien qu’il ait toujours vécu à Delémont, Olivier Schaffter est né le 20 juin 1967 à Porrentruy. Après le Collège, il s’inscrit à l’École de commerce, voie longue. Ensuite, il explore des petits boulots avant d’intégrer, durant un an, une école de physiothérapie à Bruxelles. Dans la foulée, il part à l’aventure en Australie durant 3 mois. Pour financer son voyage, il assure le service en restauration dans un établissement du bord de mer de Sydney. Expérience déterminante qui déclenche le déclic d’assurer la gestion d’un restaurant. Il revient en Suisse et il exerce des petits jobs dans le secteur du bâtiment. Plus tard, deux enfants ponctueront le rythme de ses journées : Malou, 20 et Gabin 19, qui aujourd’hui suivent une formation afin d’obtenir la maturité commerciale en entreprise.

Le patron

En 1992, il concrétise son projet de devenir son propre patron et il reprend le café de l’El Nouar, en tant que gérant et responsable. En 1997, il rachète l’El Nouar et, dès le 11 novembre 1999, il débute l’activité du bar avec le débit de boissons alcoolisées. L’établissement devient alors « the place to be ». Il l’agrandit deux ans plus tard. En avril 2004, il s’associe avec Fabrice Schindelholz et Matthieu Montavon (MFO Sàrl) pour ouvrir la discothèque OZ club, anciennement le Bus Stop. Durant cinq ans, il gère également le restaurant du Mexique. C’est un manager multitâche jusqu’au moment où il décide de réduire la charge professionnelle et cède ses activités commerciales.

Il adore son métier de tenancier, rôle qui lui a même permis de s’illustrer, en tant que citoyen jurassien, à la fête fédérale du 1er août au Grütli. Il a accédé au podium, auprès de la présidente de la Confédération de cette époque particulière, Simonetta Sommaruga, pour prononcer un discours mémorable. Rappelez-vous. En juin 2021, durant la crise du coronavirus, les restaurants ferment. La Croix garde porte close durant 10 jours. C’en est trop pour ce gérant qui n’a qu’une envie : s’engager pour les autres. Olivier Schaffter décide de préparer des plats à l’emporter, s’associe avec l’Ibis pour assurer les couverts de l’hôtel à la Croix et confectionne des repas qu’il offre au personnel hospitalier pour les soutenir durant le semi-confinement. Durant cette période de vulnérabilité, le personnel de la cuisine de la Croix a travaillé sans relâche pour soutenir son prochain et cette initiative a été saluée par la plus haute instance. Il ne peut que se réjouir de cette remarquable reconnaissance.

« Être son propre boss, gérer jusqu’à 15 employés, c’est le pied !» révèle le tenancier. L’unique bémol, et pas des moindres, est de savoir faire l’impasse sur la vie sociale et de gérer un personnel qui, depuis la pandémie, s’est lassé des horaires contraignants et a profité des périodes de fermeture pour se reconvertir. Les nouvelles générations visent le bien-être dans un environnement digital, en cherchant un sain équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Et le marché du travail doit évoluer et s’y conformer pour attirer et retenir la jeunesse.

Une attitude positive

Aujourd’hui, Olivier Schaffter s’est adapté aux circonstances et il fait tourner le resto avec 10 employés. « Je suis fier, content et heureux d’être le patron de la Croix », confie-t-il avec un large sourire. Eh oui, l’attitude positive augmente passablement les chances d’atteindre les objectifs et favorise la résolution des problèmes. Adoptons donc cet état d’esprit et sourions à la vie !

Pimprenelle
septembre 2023

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