De l’amour incandescent aux redoutables tourments

L’Attirance, l’Affection et l’Admiration sont les trois facettes d’un Amour véritable. Il semblerait même que les parties du cerveau qui commandent le discernement seraient mises en veilleuse pour voir l’élu de notre cœur sous son meilleur jour. Qui plus est, pour amplifier les sensations de la passion amoureuse, les endorphines et la dopamine excitent les sens. Ainsi, l’amour se surélève et vit en totale autarcie, comme protégé dans une bulle imaginaire, merveilleuse et fragile à la fois. Lorsque l’euphorie, quelque peu illusoire, retombe dans le bonheur de la routine à deux, intervient l’ocytocine, hormone qui va permettre le respect, la tolérance, la confiance et le rattachement. Tout est parfaitement orchestré !

Jusqu’à ce que cet état d’esprit constant dérape et s’engouffre dans l’enfer de la violence. Succèdent alors, pour la victime, le mal physique et le mal à l’âme, transmettant injustement la responsabilité de ce qui arrive, sans pouvoir dépasser les sentiments de honte et de culpabilité. Comment s’en sortir lorsque la souffrance est occultée en raison de l’indépendance économique et affective envers son partenaire ? Faut-il se résigner à endurer l’inconcevable par peur de perdre la garde des enfants ?

Malheureusement, les enfants sont également des victimes collatérales. Au sein du couple, quand ils sont témoins de ces scènes de violence, ils n’ont aucun moyen d’intervenir et d’arrêter les conflits. Leur sécurité intérieure s’écroule et il s’ensuit de fâcheuses conséquences sur leur développement affectif.

Nos sociétés contestent avec force la violence domestique et ses conséquences et mettent tous les moyens en œuvre pour la contrer. C’est pourquoi StrateJ accueille l’exposition « Plus fort que la violence » qui souhaite transmettre un message de respect et d’égalité dans les relations amoureuses et orienter la jeunesse vers des ressources adéquates.

La Convention d’Istanbul

La Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul) a été adoptée par le Comité des Ministres et ouverte à la signature à Istanbul le 11 mai 2011 et est entrée en vigueur le 1er août 2014. Cette Convention est le premier instrument juridiquement contraignant pour mettre fin à l’impunité des auteurs de violences à l’égard des femmes et de violences domestiques. Elle est entrée en vigueur en Suisse le 1er avril 2018.

La violence dans le cadre familial et dans la vie amoureuse de la jeunesse

Selon les statistiques, une femme sur cinq est maltraitée physiquement ou sexuellement au cours de sa vie de couple, deux sur cinq le sont psychologiquement. En Suisse, tous les 20 jours environ, une femme décède sous les coups de son compagnon. Un quart des victimes sont des hommes qui se laissent malmener. Au Jura, la police intervient 4 à 5 fois par semaine. Ces violences n’épargnent pas la jeunesse. 60% des jeunes couples ont vécu de la violence physique, sexuelle, subissent des humiliations et insultes via les réseaux sociaux, ou sont sous l’emprise psychique de la part du partenaire.

Travail de prévention
Exposition « Plus fort que la violence »

Du 11 septembre au 5 octobre à StrateJ, le Bureau de l’égalité propose une exposition itinérante traitant le thème de la violence domestique, conçue avant tout pour les jeunes et jeunes adultes de 15 à 25 ans. Ainsi, à travers la reconstitution d’un appartement familial de sept pièces, les visiteurs entrent dans l’intimité d’une famille où les moments de bonheur se heurtent aux accès de violence. On perçoit toute la difficulté des protagonistes, abîmés et enchaînés dans la culpabilité, de s’en sortir et d’apprendre un autre mode de communication que la violence. L’aide extérieure pour la victime et l’auteur est alors indispensable et plusieurs pistes sont proposées.

Sortir du silence pour se sauver et se reconstruire

Pour sortir du climat de tension, des crises, des coups, la victime doit accuser son partenaire d’agression et porter plainte auprès de la police. Une démarche difficile, signifiant endosser un échec et mettre un point final aux années d’amour. C’est aussi rendre des comptes à la famille, à l’entourage. Une épreuve aussi bien insupportable qu’indispensable pour enrayer la violence, se protéger et ensuite pouvoir se reconstruire.

• plus-fort-que-la-violence.ch

Le projet d’une exposition itinérante bilingue a été initié par le Service de lutte contre la violence domestique du Canton de Berne, la Police cantonale bernoise et le Bureau de l’égalité hommes-femmes et de la famille du Canton de Fribourg.

Conception/réalisation du projet : wapico, Michael Egger, [ a n y m a ]

Écouter la victime peut être salvateur. L’entourage, les voisins ont également un rôle à jouer afin d’encourager les victimes à s’exprimer et les inciter à chercher de l’aide et du soutien auprès du Centre LAVI (Loi fédérale sur l’aide aux victimes d’infraction), de déposer plainte auprès de la police et/ou se rendre à l’hôpital pour constater les blessures (preuve essentielle dans le cadre d’une procédure pénale ou d’un possible usage futur). Dans tous les cas, inciter la victime à sortir du silence et de l’isolement.

Les pharmacies sont un lieu accessible sans rendez-vous, dans lequel les victimes sont susceptibles de se rendre spontanément pour soigner les conséquences physiques ou psychiques de la violence subie. Aussi, à l’instar du canton de Vaud, le canton du Jura est en train de mettre sur pied un projet de formation en ligne destiné aux pharmaciens, pour détecter et orienter les victimes de violences domestiques.

Ne rien lâcher et poursuivre les actions

L’exposition « Plus fort que la violence » est une indispensable piqûre de rappel, liée aux accords de la Convention d’Istanbul. La violence est inacceptable et il faut réagir en serrant les rangs et lutter contre ce fléau qui sévit dans toutes les catégories sociales, économiques, culturelles, en milieu urbain ou rural, quel que soit le contexte éducatif ou religieux. Ensemble, il faut poursuivre une implication significative de nos actions pour éradiquer la violence de nos sociétés.

On notera encore que le 25 novembre, à l’occasion de la Journée internationale contre la violence domestique et pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, le Zonta Club Delémont organise un événement majeur au Théâtre du Jura avec la présence d’intervenants et de silhouettes sur panneaux, représentants des victimes de féminicides en 2022. La distribution d’une soupe aux pois réconfortante ainsi que des boissons est prévue lors de cette manifestation publique. Toutes informations seront communiquées par voie de presse dans les semaines à venir.

Ouvrez-vous à ce thème de santé publique et soyez tous présents pour soutenir les initiatives contre la violence.

Pimprenelle
septembre 2023

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