Sebastiano Tronnolone

« Un oiseau perché sur un arbre n’a jamais peur que la branche casse parce que sa confiance n’est pas dans la branche, mais dans ses propres ailes ».

Ce proverbe, Sebastiano en est l’illustration parfaite ! Mais encore ?

 

À la découverte de ses origines

Doté d’une rare aisance à se dévoiler, notre quarantenaire n’en est pas moins pudique et touchant ! Son charme italien, bien assumé, n’en fait pas pour autant un beau parleur ! Ce qu’il dit, il le fait et c’est un verbomoteur ! À 43 ans, il a déjà vécu mille aventures, toutes aussi formatrices les unes que les autres. Bien que natif de Delémont, sa ville qu’il aime, ses origines familiales ont racines dans la province méconnue de la Basilicata et plus précisément dans le petit village de San Fele, au sud de l’Italie…

Un besoin viscéral de connaître ses origines profondes lui fera entamer un voyage initiatique au pays… accompagné de son père, il foule le sol de ses aïeux… pose mille questions… effleure de son âme l’histoire de sa famille. « J’avais besoin de voir les habitations, de marcher sur les terres de mes grands-parents entre autres… ». Avides d’anecdotes, oncles, tantes, cousins, cousines ne se font pas prier… ils racontent… Sebastiano revient en terre helvétique encore plus enraciné… fier de son pays natal et bien ancré en ses origines méditerranéennes…

Issus de grandes fratries restées « au pays », ses parents s’installent en Suisse et c’est à Delémont qu’ils fondent une famille. En 1974, Marianina et Donato accueillent leur première née Rosaria. 7 ans après, le 1er juin 1981, un petit garçon vient clore la fratrie. Sébastien, Sébastian, Sebastiano… On s’amuse de la confusion… l’important c’est qu’il ait un prénom… L’enfant est espiègle, enjoué, très curieux, avide de câlins et un tantinet bordélique…

Éternel rêveur, mais ambitieux avant tout

Il se disperse, s’intéresse à tout… bien qu’ayant de grandes capacités, l’école ne lui laisse pas l’espace dont il a besoin… Ses parents ont du mal à le canaliser, à le motiver, mais ils seront un soutien sans faille durant toute sa scolarité… Le sport devient un bel exutoire, le foot entre autres, la musique aussi... Il gratte la guitare et jette son dévolu sur la batterie, instrument dont il joue encore dans plusieurs bands sous le pseudo de Masi Grégorio… Éternel rêveur, mais ambitieux avant tout, il est conscient que l’obtention d’un diplôme est primordiale. C’est un CFC de constructeur d’appareils industriels qu’il décroche en 2002. Pas très emballé par son expérience au sein de la Von Roll, il s’octroie une année sabbatique… pas pour « paresser », mais pour apprendre à mieux se connaître et se donner les moyens de ses ambitions… S’en suivent alors plusieurs années au sein de grandes enseignes : Pages Jaunes, Mobile Zone, Nationale Suisse Assurances, Coca-Cola, Heineken et finalement Swica. On le recrute comme vendeur, conseiller commercial… Il y gagne plusieurs prix, tous les concours… On lui reconnait un charisme indéniable et un investissement total.

La Bottega, une idée du chef

C’est à la Swica qu’on lui propose de reprendre l’agence sur Delémont, où il a l’opportunité de commencer « la patente de cafetier » (qu’il terminera plus tard), étant en charge des restaurateurs entre autres… Au fil des rencontres, lui reconnaissant une aisance télégénique, on l’approche pour animer « L’idée du chef » sur Canal Alpha. La première émission, il y cuisine fièrement avec sa mère Marianina… un succès immédiat… « Animer ces 10 épisodes fut une expérience fabuleuse doublée d’un grand plaisir… « Je suis un épicurien et j’aime les gens, le partage… ce passage dans le monde télévisuel m’a beaucoup apporté côté humain, j’y ai créé des liens, des amitiés ».

Décidément, rien n’est hasard dans la vie de Sebastiano… Son amour pour la gastronomie l’amène à ouvrir La Bottega en Vieille Ville. « Of course », il y a maintenant 3 ans, ce qui devait être au départ une « pizzeria à l’emporter » connut un tel succès à l’ouverture qu’il fallut proposer un p’tit coin bistro pour y manger sur place… bien entouré dans ce projet par des amis-collaborateurs investis… C’est sous l’aura bienveillante des photos de mariage de ses parents que les clients dégustent maintes spécialités italiennes… « La famille, c’est ce qu’il y a de plus important dans ma vie… rien ne serait possible sans elle… » Pourtant, dès l’enfance, on dit du petit qu’il est le portrait craché de son grand-père paternel, qu’il est un peu le « mouton noir » de la famille, qu’il ne suit pas les règles comme « il le devrait », qu’il… qu’il…

Émilie, c’est mon ancrage

C’est vrai qu’il aurait pu se perdre au milieu de toutes ses ambitions… à l’âge de 26 ans, il rencontre Émilie… elle le calme, l’apaise, l’aime tel qu’il est… elle est belle, douce, réfléchie… c’est la femme de sa vie, il en est certain… pourtant, très différents, l’amour d’abord, mais l’importance de la famille les unis… Aujourd’hui parents de trois garçons de 13, 11 et 9 ans, le couple est très au fait de l’importance de la passation des valeurs familiales… « Les quatre grands-parents sont très présents dans la vie de nos fils, ces liens sont essentiels et nous sommes conscients de la chance que nous avons de pouvoir compter sur eux ».

« J’ai une vie à 100 à l’heure, toujours des projets plein la tête… mon hyperactivité, j’en suis conscient… Ça peut fatiguer… Émilie, c’est mon ancrage, elle sait m’encourager et me laisser l’espace dont j’ai besoin ». Une sainte ? Peut-être…

The Gentleman Barber

Il y a plus de 10 ans, notre touche-à-tout acquiert un fort intérêt pour la profession de barbier… et puisqu’il ne fait jamais les choses à moitié, c’est en Italie qu’il se forme auprès de la réputée famille Scapicchio. Bien qu’il ne soit pas du métier, le patriarche, constatant sa grande motivation, le prend sous son aile… « C’est un grand privilège pour moi d’avoir été formé par les plus grands du métier… Je suis reconnaissant… Cette lignée de barbiers professionnels depuis 1820 est reconnue à l’international et m’a offert des opportunités incroyables ! ». Mais pas qu’eux… Émilie est aussi complice de la concrétisation de son rêve… « Allez hop ! », au sous-sol… C’est en 2014 qu’elle lui « octroie » l’occupation des lieux… viennent alors équipements, décos, produits et bientôt plusieurs clients… Certains sceptiques le croient fou… « C’est d’une autre époque les barbiers… ». Sa famille le soutient… Et elle a raison… « Il a du flair le petit », et du talent ! Un vrai atout d’être visionnaire… et… bien entouré… Après maintes péripéties, c’est le 3 juin 2020 que « The Gentleman Barber » ouvre enfin ses portes, rue de la Préfecture en Vieille Ville ! Un véritable petit cocon feutré sis dans les années 30-40…

La clientèle s’agrandit… on y vient, que l’on soit grand ou petit… Les produits sont de qualité, les barbiers d’une exceptionnelle dextérité… le lieu est magnifique et accueillant… on en regretterait presque de ne pas être chevelu ou barbu…

De belles surprises à venir

Il est de ces hommes qui croient en leur bonne étoile, qui osent, qui foncent… non par l’appât du gain… mais par un réel désir de ne pas passer à côté de sa vie… « L’argent n’a jamais été une motivation, je ne me vois pas comme un homme d’affaires, mais comme un rêveur passionné… ». Amoureux comblé, papa fier et investi, musicien, restaurateur, barbier, animateur, épicurien, toute une vie à raconter… Un jour sûrement, sur scène, y évoquer ses racines, ses aventures… devenir passeur à son tour, c’est le rêve qu’il chérit… figure incontournable de la Vieille Ville de Delémont et des contrées environnantes, Sebastiano Tronnolone nous réserve encore de belles surprises… Et je vous donne ma parole que je serai aux premières loges de ces prochains succès.

Misti
juillet 2024

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