Dialogues nocturnes au Vorbourg

Fin juillet, un habitant de la Vieille Ville participe à l’ouverture du Restaurant Pizzeria Le Yacht à Soyhières. Après une soirée bien arrosée, il se rend compte qu’il est un peu pompette et qu’il ne pourra pas prendre le volant. Aussi, il choisit de regagner son domicile en toute sécurité, en empruntant un chemin forestier à pied.

Néanmoins, il craint de tomber nez à nez avec des chiens de défense, appartenant aux fermes avoisinantes. Un molosse pourrait bien lui mordre un mollet pour avoir osé traverser son territoire. Il est 3h42 et, ne sachant à quel saint se vouer, il décide de téléphoner à l’abbé Bernard Miserez, gardien de la chapelle Notre-Dame du Vorbourg. Lui saurait certainement l’orienter !

Après quelques sonneries, le prêtre répond à l’appareil. Agréablement surpris, notre randonneur décline son identité et la raison de son appel. L’homme d’Église est très ouvert au dialogue avec tous ses fidèles, même les plus extravagants. Il rassure le Delémontain et met fin à la conversation téléphonique. Il se rendort paisiblement, pensant être tiré d’affaire.

Le marcheur noctambule grimpe jusqu’au sanctuaire du Vorbourg. Arrivé devant la chapelle, il aperçoit une petite lueur à l’intérieur. C’est intrigant et il se dit qu’il pourrait bien tailler un brin de causette avec l’Abbé Miserez. Il frappe ainsi à la porte.

Une nouvelle fois perturbé dans son sommeil, le prêtre se lève et apparait sur le seuil de la porte, enveloppé d’une cape rouge et bleue. Cette visite insolite le laisse perplexe. Il doit s’agir d’une affaire de la plus haute urgence. Alors il l’invite à entrer et accueille les confidences de ce pèlerin qui, vraisemblablement, a un grand besoin de parler et de poser des questions. Le secret de la confession étant inviolable, nous ne connaîtrons pas les propos échangés ce matin-là.

Selon le Marcheur, l’abbé écoutait bienveillant, sans interrompre, en hochant la tête d’un air indulgent et compréhensif. C’était si réconfortant ! Jusqu’au moment où les bâillements incessants de l’homme d’Église font prendre conscience au pèlerin que ce monologue matinal est rocambolesque. Malgré l’engagement sans failles de l’abbé Miserez, en pleine nuit, le discours de son interlocuteur l’étourdit un tant soit peu.

Le Delémontain prend alors congé de l’abbé. Il lui reste à parcourir un kilomètre avant d’arriver chez lui. Le sommeil le gagne et il s’endort durant un laps de temps sur le banc le plus proche. Le lendemain, ce dernier me raconte cette amusante anecdote estivale que j’ai pris soin de vous relayer.

On pourrait se demander ce qu’en a pensé l’abbé Bernard Miserez, lequel a accompli son indéfectible mission de compassion, en répondant présent à cet appel chrétien d’un nouveau genre. On ne peut que lui murmurer à l’oreille qu’il instaure un horaire de permanence diurne, destinés aux requêtes raisonnables, afin d’éviter les dialogues nocturnes farfelus au Vorbourg. Je me suis laissée dire que notre habitant de la Vieille Ville a enregistré le précieux numéro du gardien du Vorbourg dans ses favoris, au cas où un urgent besoin se ferait à nouveau ressentir.

Pimprenelle
septembre 2021

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